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Moufette

  • Cet animal produit une odeur si forte que le vent peut la répandre sur près d’un kilomètre. 

  • La moufette est l’un des petits mammifères les plus utiles parmi ceux qui habitent les régions canadiennes où alternent fermes, prairies et forêts. 

  • Elle garnit son nid de feuilles qu’elle transporte en les plaçant sous son corps, entre ses pattes, et en se traînant jusqu’au terrier. 

  • Elle importune les agriculteurs par ses intrusions dans les poulaillers et les ruches, mais en fait on estime que près de 70% de son régime est constitué d’organismes nuisibles aux humains.


Description

La moufette rayée (Mephitis mephitis) est à peu près de la taille d’un chat, mais elle est assez corpulente, avec une tête plutôt petite, des pattes courtes et une queue fournie. Elle peut aisément plonger sa petite tête dans des bocaux alléchants, mais elle y reste parfois prise au piège.

Son épaisse fourrure noire et lustrée est garnie d’un mince pinceau blanc au centre du front. Une large rayure blanche prend naissance au-dessus de la tête, bifurque au niveau des épaules et rejoint, de chaque côté du dos, la base de la queue. Le plus souvent noire, celle-ci peut porter des raies se terminant généralement par une touffe blanche à l’extrémité.

La moufette a de longues griffes droites qui lui servent à déterrer les souris de leur trou, à déchiqueter de vieilles bûches à la recherche de vers et de larves, et à creuser le sable où sont cachés les œufs de tortue. Elle se déplace posément, sans hâte, ne cherchant son salut ni dans la fuite ni dans la dissimulation : elle compte, pour se défendre, sur ses glandes sécrétrices. 

La moufette appartient à la famille des mustélidés, dont tous les membres possèdent des glandes sécrétrices développées qui dégagent une odeur musquée. Toutefois, cette caractéristique est particulièrement marquée chez la moufette, qui peut éjecter un liquide nauséabond pour se défendre, d’où son surnom familier de « bête puante ». En fait, son nom scientifique, le mot latin mephitis, signifie « nauséabond ».


Habitat et habitudes

La moufette rayée est l’un des petits mammifères les plus utiles parmi ceux qui habitent les régions du Canada où alternent fermes, prairies et forêts. À la différence de beaucoup d’autres animaux, elle s’est bien adaptée à la présence de l’être humain, et son aire de répartition est bien plus étendue qu’à l’origine.

Les moufettes occupent généralement des terriers abandonnés par des marmottes, des renards ou d’autres mammifères de taille semblable ou supérieure et creusent rarement leur propre terrier. Elles utilisent également des souches, des tas de pierres ou des monceaux de détritus; elles pourront même élire domicile sous une maison, sous une véranda ou dans une cave. Cette dernière habitude est particulièrement courante dans les régions agricoles.

Les moufettes qui gîtent sous un bâtiment ne doivent jamais être abattues à cet endroit. Elles doivent être piégées à l’extérieur. Pour se débarrasser des individus indésirables ou nuisibles sans leur faire de mal, on peut utiliser des pièges de type « boîte ou cage piège ». Ces derniers permettent de manier aisément l’animal sans cruauté et de le transporter à un endroit où l’on pourra le relâcher. Une fois que la moufette est capturée, on peut envelopper le piège de plusieurs sacs de toile pour transporter l’animal et le libérer à quelques kilomètres de distance. Pour savoir comment obtenir ces pièges, on peut communiquer avec la Société protectrice des animaux de la région. 

Lorsque la moufette creuse elle-même son terrier, il est généralement rudimentaire, mais lorsqu’elle hérite de celui d’un autre animal, il peut être très perfectionné. On peut y trouver de une à cinq ouvertures bien dissimulées qui conduisent à tout un système de tunnels et de chambres. L’une de celles-ci, garnie de feuilles, sert de nid. Les feuilles peuvent également être utilisées pour obturer les ouvertures du terrier par temps froid. Pour rassembler ces feuilles, la bête les place sous son corps et les tient entre ses pattes, se traînant jusqu’à son terrier.

La moufette peut quitter son terrier en quête de nourriture à n’importe quelle heure de la journée, mais elle s’absente généralement à partir de la fin de l’après-midi ou en début de soirée pour toute la nuit. Elle s’approvisionne dans un rayon d’environ 800 m, et peut s’aventurer jusqu’à 2 km de son terrier en une nuit. Les mâles sont encore plus actifs durant le rut; ils peuvent alors parcourir 8 km en une seule nuit.

Munie dès l’automne d’une épaisse couche de graisse, la moufette choisit, en novembre ou en décembre, un terrier profond où elle passera l’hiver. On a déjà trouvé jusqu’à 20 moufettes dans un seul abri; mais elles y sont généralement beaucoup moins nombreuses. La mère et les petits gîtent habituellement ensemble, se terrant lorsque la température atteint environ 0 °C. 

Le mâle reste actif jusqu’à ce que la température atteigne environ 10 °C sous zéro; il peut alors rejoindre sa propre famille ou d’autres mâles, ou même se terrer tout seul. Il peut sortir brièvement de son gîte à n’importe quel moment de l’hiver. Une même tanière peut abriter des mâles et des femelles, des jeunes et des vieux.

À la fin de février, dans certaines régions du Canada, l’animal commence à sortir de sa torpeur hivernale (inactivité) et reprend toutes ses activités vers la fin de mars. Dans les prairies et les régions les plus septentrionales de son aire de répartition, il ne réapparaît qu’un peu plus tard.


Caractéristiques uniques

L’odeur de la moufette provient d’un liquide épais, jaune et huileux, ou musc, sécrété par deux glandes situées de chaque côté de l’anus à la base de la queue. Ces glandes sont à peu près de la taille d’un raisin et contiennent environ une cuillerée à soupe de musc, quantité suffisante pour cinq ou six jets de liquide. Elles sont reliées par des conduits à deux petits mamelons qui sont dissimulés lorsque la queue est abaissée et découverts lorsqu’elle est levée. Le musc est fabriqué assez lentement, au rythme d’environ un tiers d’once par semaine, et n’est expulsé qu’en désespoir de cause, après des avertissements répétés.

La moufette projette le liquide sécrété par ses glandes en un jet finement vaporisé, qui peut porter jusqu’à 6 m et être dirigé avec beaucoup de précision jusqu’à une distance de 3 m. L’odeur est si forte que le vent peut la répandre sur près d’un kilomètre. À courte distance, le jet de la moufette cause de graves brûlures aux yeux et même des nausées; toutefois, ces symptômes disparaissent rapidement une fois que l’odeur n’imprègne plus les fosses nasales.

Différents remèdes ont la réputation de supprimer l’odeur que dégagent les vêtements ou les chiens aspergés par une moufette, mais certains sont presque aussi désagréables que le mal. Du vinaigre, seul ou mélangé à un détersif, constitue un traitement simple et assez efficace. Le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario suggère la recette suivante :
       - 1 litre de peroxyde d’hydrogène 
       - 50 ml de bicarbonate de soude
       - 5 ml de détergent à vaisselle


Alimentation

La moufette est indéniablement omnivore (elle mange une grande variété d’aliments). Elle se nourrit d’insectes, de souris, de musaraignes, d’écureuils terrestres, de lapereaux, d’œufs d’oiseaux et de plantes diverses. L’automne et l’hiver, son alimentation est, en proportions à peu près égales, carnée et végétarienne; l’été, elle se compose surtout d’insectes. Les moufettes sont particulièrement friandes de sauterelles, de grillons et de larves d’insectes, telles que les larves de vers blancs, de légionnaires et de vers gris. Elles mangent même des guêpes et des abeilles, qu’elles tuent avec leurs pattes de devant. Bien qu’elles importunent les agriculteurs par leurs intrusions dans les poulaillers et les ruches, on estime que près de 70% de leur régime est constitué d’organismes nuisibles aux humains et que seulement 5% de leur nourriture est prélevée sur des denrées utiles à ceux-ci.


Reproduction

Les moufettes s’accouplent à la fin de février ou en mars, lorsqu’elles sortent de leur terrier; les petits naissent habituellement au début de mai. La portée est généralement de quatre à six petits, bien qu’elle puisse varier de deux à seize. 

À la naissance, une moufette pèse environ 15 g et, bien qu’elle n’ait presque pas de poil, elle ressemble déjà à l’adulte avec sa fourrure caractéristique blanc et noir, qui n’est complète qu’après 13 jours. Les yeux ne s’ouvrent pas avant 17 à 21 jours.

Lorsque les petits ont à peu près sept semaines, la mère les emmène à la recherche de nourriture; ils sont sevrés (ils ont délaissé le lait maternel pour d’autres formes de nourriture) au bout d’environ deux mois. Ils restent avec elle jusqu’à l’automne et peuvent la rejoindre dans son terrier hivernal.